Ma traversée des montagnes libanaises du nord au sud en 16 jours
480 km entre Andquet et Marjaayoun
Octobre - novembre 2019
Qu'est-ce que le LMT ?
Le Lebanon Mountain Trail est un THRU hike de 27 sections et 470 km marqué qui traverse les montagnes libanaises.
L'organisation de ce trail a un site internet très bien fait où toutes les informations nécessaires peuvent être trouvées.
Voici le lien vers le site ici.
Trace GPX et cartes
La trace GPS officielle du LMT peut être demandée par e-mail à l'organisation.
Ils l'envoient rapidement et gratuitement.
La trace GPS recrée à partir des données enregistrées par ma montre Garmin peut être téléchargée ici.
Celle-ci comprend toutes mes erreurs et détours pour aller dormir dans les guesthouses et hôtels.
J'ai personnellement beaucoup utilisé le fichier envoyé par le LMT sur mon application Maps.me
Cette application est très pratique car elle permet de consulter des cartes hors ligne (si téléchargées préalablement), permet de calculer les distances tout en montrant le profil, inclus les points d'intérêts donnés par le LMT (guesthouses, routes, sources, ...), inclus d'autres données ajoutées par d'autres utilisateurs, ...
J'ai également de temps en temps consulté la trace sur mon application ViewRanger quand je voulais avoir une idée des courbes de niveaux.
Des cartes, en version papier, sont également disponibles sur le site du LMT, mais, le pack complet étant en rupture de stock avant mon départ et ne voulant pas me surcharger, je ne les ai pas achetées.
Hébergements, ravitaillement et budget
Le site du LMT référence des guesthouses et hôtels, principalement dans les villages d'arrivée et de départ des sections, mais il y en a aussi quelques autres sur le chemin.
Tout est également repris dans le fichier GPX en tant que point d'intérêt. La localisation des guesthouses est donc facile à trouver.
J'ai majoritairement été dormir dans des endroits recommandés mais pas seulement.
Voici la liste de mes logements:
- Andquet: camping sauvage
- Tashea: Abou Marwan Guesthouse
- el Qemmamine: Wadi Al Zouhour Guesthouse
- Bqaa Safrine: Majed el Sayyah Guesthouse
- Qozhaya: Foyer St Antonios Qozhaya
- Bcharre: View Lodge Bcharre
- Tannourine: camping à côté du restaurant appelé Manoucheh sur Maps.me, juste avant l'entrée de la réserve
- El Aaqoura: Sisters of the holy family Convent
- Faraya: Hôtel Coin vert
- Baskinta: Tebeshrani Guesthouse
- El Mtain: El Qontar Guesthouse
- Ain Zhalta: Restful Guesthouse
- Maaser ech-Chouf: Birds Guesthouse
- Saida: Sidon hostel
- Jezzine: Iris Flower Hotel
- Dahr El Ahmar: Haramoun Guesthouse
- Hasbaiya: Chmais Guesthouse
- Beyrouth: Colony hostel
J'indiquerai ci-dessous mes impressions sur chaque hébergement.
L'organisation du LMT recommande de réserver plusieurs jours à l’avance les logements. Chose que je n'ai pas faite. Ne sachant pas où je serais et quand, et envisageant de camper, j'ai décidé au jour le jour où j'aller m'arrêter. Je téléphonais donc dans la journée pour prévenir de mon arrivée.
Ce n'était pas l'idéal pour me hôtes mais à part à Tannourine, j'ai tout de même peu être accueillie chaque soir. Et j'ai toujours bien mangé même si mes hôtes n'avaient pas beaucoup de temps pour me préparer à manger.
Le site du LMT ne référence pas d'espace des campings, ou d'endroits où le camping sauvage est facilement possible.
Ne connaissant pas leurs cartes, je ne sais pas si elles indiquent plus d'informations.
J'ai toutefois contacté l'organisation avant mon départ afin d'avoir une idée de ce qui serait possible. Ils m'ont indiqué que le camping sauvage est autorisé au Liban, mais ils m'ont recommandé de contacter les responsables des sections pour les avertir de où je me trouvais.
Puisque j'avais l'ambition de parcourir le trail en moins de temps que les 27 jours prévus dans le découpage, j'ai préféré prendre tout mon matériel de camping afin de pouvoir camper le cas échéant.
Je n'ai finalement campé que deux nuits sur mes deux semaines de marche car j'ai, à chaque fois, su atteindre la fin d'une section en fin de journée.
Toutefois, j'ai remarqué que les emplacements de camping n'étaient pas nombreux. Mais cela était également très variable selon les sections. Sur certaines sections, j'ai vu beaucoup d'endroits où il doit y avoir beaucoup de touristes locaux en été, comme par exemple sur les hauteurs de Falougha. Mais ce n'était pas constant.
Trouver un endroit pour planter une petite tente doit presque toujours être possible, à part dans les montées et descentes abruptes.
Pour installer un plus grand camp, cela demande selon moi plus de préparations et recherches des endroits possibles.
En fonction de vos hébergements, le budget peut varier.
La plupart des guesthouses recommandées par le site du LMT m’ont coûtées 45 ou 50$ avec dîner et petit-déjeuner. Souvent, j’ai également reçu de quoi manger à midi, du pain, des fruits, des légumes, ...
En ce qui concerne le ravitaillement, celui-ci est assez aisé.
Si vous utilisez les guesthouses, une grande partie de vos repas vous sera déjà fourni par vos hôtes.
Pour le reste, il y a beaucoup de petits magasins, dans les villages en chemin, où il est possible d'acheter de produits de base: pain, biscuits, souvent quelques fruits et légumes, eau, ...
Dans les plus gros villages, il y a également des restaurants.
Pour savoir où se trouvent quoi, Maps.me et Google maps sont bien utiles.
Je suis végétarienne, et en prévenant au moment où je prévenais les guesthouses de mon arrivée, ça n'a jamais posé de problème. Il est cependant nécessaire de prévenir le plus tôt possible parce qu'il est moins habituel que je ne pensais, au Liban, de ne pas manger de viande.
Je me suis quand même toujours méfier et n'ai jamais hésité à demander si les plats contenait de la viande. J'ai une fois eu le cas où il y en avait quand même mais ce n'était qu'un plat parmi d'autres et j'avais plus qu'assez à manger avec le reste. Précisez tout de même que vous ne manger ni viande ni poulet (ni poisson). Dire être végétarien n'est pas toujours clair et je pense que des différences de traduction n'incluent pas le poulet dans la viande dans de nombreux pays.
Deux monnaies sont en circulation au Liban. La livre libanaise pour la plupart des paiements mais dans le cas des hôtels et guesthouses, les prix sont le plus souvent affichés en dollars et il est tout à fait habituel de payer en dollars.
Pour ce qui est de trouver de l'argent en route, il y a des distributeurs dans certains gros villages, mais pas dans les petits.
En ville, il est très facile de trouver des distributeurs de billets. Dans les montagnes, ce n’est que dans les plus gros villages.
J’ai donc décidé de prendre de l’argent cash avec moi pour toute ma traversée pour ne pas avoir à me soucier d’en trouver en route (dollars échangés en Belgique et livres prises au distributeur à Beyrouth).
Mais, pour info, je pense qu'il y a des distributeurs à Kobayat, Edhen, Bcharré, Baskinta, Faraya et Jezzine.
J’ai pris des livres libanaises et des dollars avec moi. J’ai payé la majorité des guesthouses en dollars même si on m’a souvent rendu la monnaie en livres.
Pour les autres achats, tout se fait en livres.
Il doit être possible de payer tout en livres, avec un taux de change de 1500 livres pour 1$.
Update février 2020:
Attention, je suis arrivée au Liban au début des événements d’octobre 2019. Lors de mes semaines là-bas, le taux de change n’a pas trop été modifié mais il l’est fort depuis. La livre libanaise a perdu énormément de sa valeur.
Je vous recommande donc d’emporter des dollars ou des euros avec vous afin de bénéficier des meilleurs taux.
Je suis retournée au Liban en février 2020, et là le taux montait jusqu’à 2400-2500 livres pour 1$.
Le prix, en livres, de beaucoup de choses augmentent donc beaucoup.
En dollars, c’est plus stable.
La situation économique est vraiment difficile pour les libanais.
Jour -1
Arrivée à Beyrouth
Arrivée dans la nuit du 18 au 19 octobre à Beyrouth, via un sprint dans le tout nouveau et gigantesque aéroport d'Istanbul, le début des protestations et manifestations contre le gouvernement a un petit peu retardé mon départ sur le trail.
J’ai passé mes deux premières nuits à la Colony Hostel.
Une très chouette auberge proche du centre de Beyrouth.
J’ai partagé un Uber avec un touriste français pour m’y rendre.
Les taxis à l’aéroport ont essayé de me faire payer entre 60 et 100$ pour la course alors qu’elle est plutôt de 15$ en temps normal. Cette nuit-là, de nombreuses routes étaient fermées par des feux et des barrages, mais tout de même, les tarifs proposés étaient réellement excessifs. Méfiez-vous. Lors de mes autres arrivées à l’aéroport de Beyrouth, j’ai regardé le prix proposé sur Uber pour avoir une idée de ce que je pouvais discuter avec les taximens sur place.
J’ai finalement trouvé une carte SIM dans une petite boutique, plus que probablement en seconde main, mais je voulais vraiment avoir ma carte avant de me mettre en route vers le nord. J'ai également payé un peu plus que le prix officiel, mais ils m'ont fait un cadeau par rapport à leur prix de départ.
Les cartes SIM, les appels et l’internet mobile sont chers au Liban. C’est une des raisons qui a fait démarrer les protestations. C'était également la raison pour laquelle il a été très compliqué, à cette période, de trouver des cartes SIM dans les boutiques de téléphonie. Une fois la carte SIM et l’argent cash trouvé, j’ai essayé de trouver un bus vers Tripoli mais il était déjà un peu tard et les routes fort bloquées par là-bas.
Je suis donc retournée à l’auberge pour une deuxième nuit là.
J'ai ainsi aussi eu l'occasion de me rendre sur le lieu de protestations au centre ville et de discuter de la situation avec de jeunes libanaises.
J’en ai également profité pour aller manger au centre ce soir là, au restaurant Le Chef. J’y ai bien mangé, pour pas cher, et y ai découvert l’Arak.
Jour 0
De Beyrouth à Andquet et 1h30 de marche
5.5 km - 209 m de dénivelé - 1h30
Le dimanche en milieu de matinée, j'ai décidé de faire une deuxième tentative de me rendre au nord.
Au vu des événements, les responsables de l'auberge à Beyrouth n'étaient pas optimistes pour moi mais j'ai décidé d'essayer.
Je me suis donc rendue, à pieds, à Dora, lieu à Beyrouth d'où partent beaucoup de bus vers le nord.
Depuis la Colony hostel, j'aurais aussi pu attraper un bus sur l'avenue Charles Hérou, qui m'aurait amenée à Dora ou directement plus vers le nord.
Mais j'aime bien marcher. Je suis donc arrivée à Dora et j'ai directement chercher à demander un bus pour Kobayat. Le plus gros village, à quelques kilomètres du départ du trail.
Des hommes m'ont d'abord dit que je ne trouverais pas cela ce jour-là à cause des événements et ils ne savaient pas quand ça serait possible d'en trouver.
Mais finalement après quelques minutes à encore chercher, ils m'ont appelés et m'ont dit de monter dans un bus qui partait par là-bas.
Les transports au Liban sont assez aléatoires et difficiles à comprendre pour des touristes. Mais j'ai vite compris que le plus facile est de toujours demander et d'insister. Ne jamais se rabattre trop vite sur un taxi car il y a, la majorité du temps, une autre solution.
Après quelques tours autour de la station de bus pour prendre plus de monde, nous sommes finalement partis en direction de Tripoli.
Nous avons du faire quelques détours sur la route pour éviter des barrages.
Arrivés au centre de Tripoli, le bus n'a pas été plus loin. Il était complétement coincé par les manifestations.
Le chauffeur a demandé à un jeune homme assis derrière moi de m'aider à trouver un taxi partagé, de l'autre côté de la manif, pour continuer mon trajet.
Ce jeune garçon allait jusqu'à Halba.
Il m’a donc aidé à traverser la manifestation (voir vidéo) et nous avons ensuite très vite trouvé une voiture en direction d’Halba.
Nous avons encore une fois du faire beaucoup de détour pour éviter les barrages sur les routes. À certains endroits, la tension entre manifestants et automobilistes était bien palpable.
Arrivés à Halba, le jeune homme m’a proposé de me déposer en scooter à Andaket.
Nous sommes donc montés jusque chez lui pour prendre son scooter et puis se mettre en route.
Avec mon sac, ce n’était pas le plus facile et j’ai du lui répéter souvent de ne pas rouler trop vite.
Nous nous sommes arrêtés sur la route à une boulangerie pour goûter et acheter du bon pain frais.
Après une trentaine de minutes de route, nous sommes arrivés à Andaket.
Il était déjà assez tard, alors j’ai décidé de me mettre rapidement en route.
J’ai facilement trouvé le carrefour où commence le trail grâce à la trace GPS.
J'ai donc commencé à marcher, pour environ 1h30 avant la nuit. Il a plu à un moment et j'ai eu du mal à trouver le chemin dans la forêt à un moment.
Cette première section n'est presque pas marquée. Il est donc important d'avoir la trace GPS.
J'ai également croisé mes premiers chasseurs d'oiseaux. J'ai d'abord cru qu'il y avait beaucoup d'oiseaux, mais en fait, c'était des enregistrements que les chasseurs mettent pour attirer les oiseaux vers eux.
Quand la nuit est arrivée, je me trouvais dans une zone proche d'habitations. J'ai trouvé un terrain avec une maison en construction et j'ai décidé de m'installer là, cachée par les murs de la maison.
Après un rapide souper de pain frais et de vache qui rit, j'ai essayé de dormir.
J'avais décidé de me réveiller tôt, juste avant le levé du soleil afin d'être sure d'être partie avant l'arrivée éventuelle d'ouvriers sur le chantier de la maison.
Jour 1
Sections 1A et 1 : De près de Deir Mar Elias à Tashea
34.4 km - 1657 m de dénivelé - 8h40
Je me suis donc réveillé tôt, pour tout replier rapidement. Je n'ai croisé personne et laissé aucune trace derrière moi.
C'était partie pour la première vraie journée de marche! En démarrant, je ne savais pas encore jusqu'où j'allais aller ce jour-là.
J'ai continué sur la section 1A, et me suis encore un peu perdue.
Jour 2
Section 2: De Tashea à el Qemmamine
27.1 km - 1375 m de dénivelé - 6h30
Jour 3
Sections 3 et 4: De el Qemmamine à Bqaa Safrine
27.9 km - 1961 m de dénivelé - 8h20
Jour 4
Sections 5 et 6: De Bqaa Safrine à Qozhaya
30.4 km - 1591 m de dénivelé - 8h15
Jour 5
Sections 7: De Qozhaya à Bcharre
18.4 km - 1415 m de dénivelé - 5h05
Jour 6
Sections 8 et 9: De Bcharre à Tannourine
30.6 km - 1699 m de dénivelé - 7h45
Jour 7
Sections 9 et 10: De Tannourine à El Aaqoura
32.7 km - 1718 m de dénivelé - 8h
Jour 8
Sections 11 et 12: De El Aaqoura à Faraya
38 km - 2073 m de dénivelé - 8h35
Jour 9
Sections 13 et 14: De Faraya à Baskinta
35.6 km - 1522 m de dénivelé - 8h20
Jour 10
Sections 15 : De Baskinta à El Mtain
24.3 km - 1123 m de dénivelé - 6h
Jour 11
Sections 16 et 17: De El Mtain à Ain Zhalta
34.6 km - 1610 m de dénivelé - 8h30
Jour 12
Sections 18 et 19: De Ain Zhalta à Maaser ech-Chouf
29.3 km - 1643 m de dénivelé - 7h05
Jour 13
Sections 20 et 21: De Maaser ech-Chouf à Jezzine
27.2 km - 1218 m de dénivelé - 7h
Jour 14
Sections 22 et 23: De Jezzine à Kaoukaba Bou Arab
33.5 km - 1708 m de dénivelé - 8h
Jour 15
Sections 24 et 25: De Kaoukaba Bou Arab à Hasbaiya
35 km - 1285 m de dénivelé - 8h25
Jour 16
Section 26: De Hasbaiya à Marjaayoun et Beyrouth
15.5 km - 562 m de dénivelé - 3h35
Ce que je retiendrai de cette traversée
Un accueil incroyable.
La grande diversité du Liban, autant pour les paysages que pour la culture.
Et se trouver dans un pays au début d'un grand mouvement de protestations était très intéressant car les gens étaient très ouverts à la discussions concernant les problèmes politiques et sociaux du pays.
Bonjour Marine,
super cet article, merci :)
Quelle partie du MLT recommanderais-tu s'il ne fallait en choisir qu'une pour la faire sur 3/4 jours ?